Joan Larroumec

DIRIGEANT, PARIS, FRANCE.

Quels mots-clés pour definir le concept Human Heritage selon vous ?
Recevoir et transmettre, enrichir la vie, apporter du sens.

Qui êtes-vous ? Votre métier ? Votre expertise ?
Je m’appelle Joan Larroumec, je dirige Miwa Associates, une agence créative franco-japonaise qui va chercher dans la tradition les secrets d’expériences émotionnelles fortes. Nous opérons également un club privé pour aider nos membres à développer leur sensibilité en leur ouvrant l’accès à des expériences rares, et une galerie qui propose de l’artisanat japonais d’exception et des rencontres avec des artisans.

Votre art préféré ?
J’aime quand tous les arts se combinent en un seul endroit et moment magique pour créer une expérience unique et forte avec une profondeur historique et technique. J’admire par exemple Rosanjin, génie japonais qui était à la fois un maître de l’art culinaire – un art très profond qui fait le lien entre la nature et l’homme, répond à un besoin fondamental tout en étant riche de siècles de savoir-faire – mais aussi de la céramique, de la calligraphie et de la laque, et qui mariait tous ces arts pour créer une expérience totale.

Votre dernier achat ?
Un couteau Sugimoto, magnifique objet de bois, de corne et d’acier.

Votre talent caché ?
Pouvoir manger des sushis de façon illimitée.

Quel est le dernier livre ou/et film qui vous a transporté ?
La grande bellezza, de Paolo Sorrentino : l’histoire d’un ancien écrivain à succès arrivé au soir de sa vie après avoir perdu toutes ses années de jeunesse dans des mondanités, qui part à la recherche de sens et de beauté dans une Rome désertée magnifiquement filmée.

Et pourquoi ?
Socrate sur son lit de mort avait laissé comme ultime conseil à ses disciples de ne pas perdre leur temps à chercher la reconnaissance des autres, mais plutôt à chercher ce qui a du sens. Dans la grande bellezza, le sens prend la forme de la beauté. Rome est l’incarnation parfaite de cette beauté, de ce raffinement et de cette force de l’héritage. Et pourtant le personnage principal n’arrive pas à la voir, ses yeux ne parviennent pas à s’ouvrir sur cette beauté qui semble appartenir à un monde décadent. Ce film rappelle deux choses : on ne peut voir la beauté si on ne sait où la chercher, et il est de notre responsabilité, en tant qu’héritiers d’une civilisation d’une richesse incommensurable, de remettre cette beauté au centre de nos sociétés. L’art traditionnel, l’artisanat,  ne sont pas passéistes et décadents, mais forment l’âme d’un peuple.

Votre musée préféré ?
Le musée de la chasse de Paris, plein d’objets magnifiques, d’une élégance classique, et d’une petite touche d’art contemporain judicieusement placée. C’est un parfait exemple de comment partir d’un sujet qui pourrait sembler dépassé pour en faire un lieu furieusement contemporain sans compromettre le respect envers le patrimoine.

Quelle est l’expérience ou le voyage qui vous a transformé ?
Rencontrer Yoshiyasu Sudo, 55ème chef de la brasserie Sudo Honké, dont la famille fabrique du saké sans interruption depuis près de mille ans, en puisant l’eau toujours au même puits.

Votre ville/quartier préféré ?
Au risque de paraitre très classique, Saint Germain des Prés reste un lieu que j’aime pour sa concentration de galeries, de librairies, de bons restaurants et de petits détails typiques tels les étudiants des beaux-arts tous proches assis dans les rues qui dessinent les façades d’hôtels particuliers du XVIIème siècle.  C’est toute une atmosphère  qui subsiste malgré l’afflux des touristes, l’embourgeoisement et la fin de la grande époque littéraire du quartier. J’aime aussi Gion à Kyoto, ses petites rues médiévales où l’on peut surprendre au milieu de la nuit des Geishas rentrer chez elles et où des restaurants formidables sont cachés derrière des portes de bois qui ne laissent rien présager.

Votre lieu de vacances de rêve ?
Chez moi, dans ma famille.

Selon vous, le monde serait meilleur si… :
Peut-être le monde serait-il meilleur si nous nous remettions à penser sur le temps long. Si nous pensions chacun de nos actes et de nos constructions comme un élément d’une histoire qui nous dépasse. Lorsque l’on construit un bâtiment aujourd’hui, sa durée de vie est calculée en décennies, non en siècles. De même les objets sont prévus pour durer seulement quelques années. Ce faisant nous créons des ordures à n’en plus finir et peu de choses faîtes pour embellir durablement le monde, peu de choses à transmettre et à préserver. Notre quotidien devient alors morne et plat, dépourvu d’histoire.

 

À PROPOS DE HUMAN HERITAGE

Offrir à l’homme de l’art la possibilité de faire connaître son savoir d’exception. Nourrir les personnes, les entreprises qui considèrent cet art à sa véritable mesure. Ne pas oublier l’histoire, le matériau, le geste. Redonner au produit son statut de singularité et d’unicité. Catalyser, promouvoir et garantir la pérennité de cet Héritage de l’Humanité.